Non, ceci n’est pas un appel au secours, non ceci n’est pas une
bouteille jetée à la mer, l’image est absurde, le robinson que je suis n’est
pas égaré au loin sur quelque île mystérieuse absente de toutes les cartes, je
n’ai pas échappé à un naufrage, je n’ai pas nagé jusqu’à quelque rivage, l’île
où j’ai échoué est au cœur d’une ville de moyenne importance et n’a rien de
mystérieuse, non, ceci n’est pas un appel au secours, ceci n’est qu’une lettre
écrite pour te dire que j’ai besoin de nous, besoin de toi et que sans toi,
sans nous, je dépéris, me morfonds et me fane comme une fougère arrachée au
bord d’un chemin et placée dans le vase de quelque laid et moderne appartement,
ceci n’est qu’une lettre écrite pour te dire que sans toi, sans nous, voilà je
ne suis plus qu’une fleur en pot, une fleur d’appartement qui de sa verte
exubérance des débuts a tout perdu et se fane chaque jour un peu plus ; et
certes ce n’est encore qu’une image, qui n’est pas moins absurde, mais je
n’avais pas envie d’être clinique et de dire plus simplement que sans toi, sans
nous je vis dans un état végétatif, non, ceci n’est pas un appel au secours, à
proprement parler je ne suis pas malade ou si je le suis la maladie dont je
souffre n’a pas encore de nom, n’a pas encore été répertoriée dans les manuels
et devra à l’avenir et selon l’étrange postérité qui est celle des médecins et
des découvreurs de maux nouveaux être baptisée de mon seul nom, devra devenir
la maladie de ou le symptôme de, quelle gloire posthume, n’est-ce pas, devenir
sans toi, sans nous, une sorte de bienfaiteur de l’humanité dont le seul
bienfait aura été de découvrir et d’expérimenter dans sa chair, ce que ne font
pas les médecins, un mal nouveau, non, ceci n’est pas un appel au secours, je
n’ai plus d’orgueil mais je te connais malgré tout, je connais la froide
insensibilité dont tu te flattes et je sais combien tu m’as déjà fait souffrir
et dans ces conditions, pourquoi m’égosillerais-je dans le vide, en vain,
pourquoi essayerais-je de t’atteindre toi que rien ne saurait atteindre,
pourquoi même par le biais d’une lettre essayerais-je de tendre vers toi une
main, dont je sais par avance que tu l’éviterais, à côté de laquelle tu
passerais en feignant de ne pas la voir : tu n’es pas de ces personnes qui
font l’aumône, n’est-ce pas, tu n’es pas de ces personnes que le spectacle d’un
malheureux contraint à ralentir et s’arrêter, tu n’es pas de ces personnes qui
ont mauvaise conscience et mettent la main à la poche, tu es après tout le seul
malheureux dont le spectacle te plaise et te ravisse, tu te gorges de ta propre
image et le seul malheur en mesure de t’arrêter et de retenir ton attention est
celui dont tu contemples le reflet dans ton miroir, un miroir devant lequel tu
demeures comme si tu en attendais une révélation, une réponse qui tarde à venir
tant il est évident qu’elle ne viendra jamais, à moins de passer la main à
travers le miroir et de se blesser au sang, à moins de se meurtrir avec les
morceaux de verre, à moins, ce dont tu serais incapable, de bondir au-delà des
apparences comme la petite fille de ce conte pervers dont tu aimais tant me
lire les plus curieux épisodes, à moins de – mais je parle encore de toi, bien
malgré moi je parle encore de toi, cela m’a échappé comme cela m’échappe
toujours, je n’ai plus d’orgueil mais ce n’est qu’à mon corps défendant que je
parle encore de toi et te chante même de ma voix atone, même de ma voix sans
timbre, fougère qui au vent frémit et tremble imperceptiblement, au bord d’un
chemin dont les larges détours déjoueront peut-être la curiosité des
promeneurs, couverte de rosée et soudain arrachée pour être placée dans
l’étroit boyau et le tombeau que lui sera le vase de quelque laid et moderne
appartement ; chante, chante la fleur en pot, la fleur d’appartement qui
de sa verte exubérance natale a perdu l’éclat et se fane un peu plus chaque
jour, décline et produit des parasites, alors que l’on a pourtant soin de la
toiletter et de la soigner jour après jour, fougère fragile arrachée à son
milieu naturel, fougère violentée et qui privée de ses racines et du sol
nourricier décline, dépérit lentement, inexorablement jusqu’à provoquer le
dégoût du propriétaire du vase qui un soir s’avise de jeter dans un sac de plastique
noir cette poussiéreuse relique de jours anciens dont le souvenir s’est perdu –
Mais j’arrête là ma phrase, la poursuivre, dans une lettre, une lettre
que j’ai bien l’intention de t’adresser, une lettre que j’ai bien l’intention
de glisser dans une grande enveloppe pour te l’adresser, ne serait pas
raisonnable, passerait la mesure, n’est-ce pas ? Oui, il faut le dire,
sans toi, sans nous, en ton absence, j’ai perdu toute mesure, le moindre de mes
élans, jusqu’à celui qui me pousse à écrire cette lettre, est excessif, la
moindre de mes réactions est curieusement disproportionnée ou hors de propos… C’est comme si je
n’étais plus à ma place parmi les choses, je m’égare sans cesse dans une sorte
d’espace intermédiaire au seuil du monde, un monde dont me sépare une telle
distance, non moins effrayante que la distance qui me sépare de moi-même ;
et pour les personnes qui m’entourent, pour les personnes qui me supportent
encore, lentement, inexorablement, je deviens incompréhensible, je deviens un
puits insondable dont on s’écarte, que l’on évite, au-dessus duquel on ne
souhaite pas se pencher même un instant… Et pourtant, que peut-il y avoir tout au fond, sinon une eau noire et
trouble ? Et pourtant, tous savent bien ce que tu m’as fait et que si je me
penche même un instant au-dessus de l’eau trouble que je suis pour moi-même, ce
n’est certes pas de mon propre chef et par goût du vertige : je n’aime pas
cela du tout, je ne me complais pas dans mon malheur, les ténèbres ne me
fascinent pas et une telle plongée en moi-même, ainsi que l’inévitable noyade
qui s’ensuivrait, l’une comme l’autre ne me tente pas… Tout cela, et le fait
même de devoir se pencher au-dessus de la margelle, n’étant que les tristes
conséquences de ce que tu m’as fait…
C’est aujourd’hui dimanche et c’est mon anniversaire. Je doute que tu
y aies songé : qu’est-ce que cela peut te faire que j’ai aujourd’hui tout
juste trente ans, que sans échasses et sans bouée je viens de franchir le dangereux Rubicon de la trentaine : nous ne vieillirons pas ensemble,
n’est-ce pas ?
Sans toi, sans nous, je m’occupe, je m’active. Sais-tu que je ne
laisse plus par exemple la vaisselle
ou les poubelles s’accumuler ? Je descends régulièrement les sacs de
plastique noir et le croiras-tu, l’appartement est impeccable et forcerait ton
admiration. Je trompe en effet le temps qui ne passe pas en faisant le ménage.
Je deviens une vraie petite fée du logis. Je manie comme personne la pelle et
la balayette. J’use du vaporisateur en virtuose. Je suis toujours un chiffon à
la main. Je tords la serpillière plus souvent qu’à mon tour. Ce sont les
grandes eaux dans les écuries d’Augias ! Je nettoie, j’astique, je
fais briller : quand tout s’est effondré, il faut au moins sauver les
apparences, il me semble… Je deviens de même d’un voisinage agréable, je ne
dérange plus personne : l’appartement est toujours à ce point silencieux
qu’on pourrait le croire inhabité et que plus aucun être humain n’y vit… J’y
suis sans faire de bruit, je glisse à la surface des choses comme un fantôme,
je n’écoute plus de musique, je ne supporte plus la musique… Et
qu’écouterais-je d’ailleurs, puisque tu as récupéré tous tes disques, puisque
tu as tout récupéré, puisque de toi tu ne m’as rien laissé, puisque de toi je
n’ai plus rien…
Ah ! si, j’oubliais… De toi, il me reste les innombrables romans
que tu m’as offerts, mais tu sais de quel malentendu entre nous ils ont été les
responsables… Ces auteurs russes surtout, dont les préoccupations métaphysiques
demeuraient pour quelqu’un comme moi, si
terre à terre, quasiment impénétrables, dont les personnages avaient des
noms imprononçables occupant toute une ligne et que je mélangeais à tout coup
tant ils étaient nombreux… Des réactions d’élève paresseux que son maître
contraint à lire, n’est-ce pas ? Passe-moi et pardonne-moi l’assez
mauvaise plaisanterie, mais je perdais pied et me noyais dans tes romans-fleuve
– Quelle honte et quelle bêtise qu’un tel aveu, n’est-ce pas ? Que tout cela est français, n’est-ce
pas ? Tu vois, j’ai gardé quelques-unes de tes phrases favorites et sans
doute me mépriseras-tu à la lecture de ces lignes… Et pourtant comme j’ai peiné sur ces romans…
Même si je ne comprenais rien ou presque, même si tout cela me demeurait
quasiment impénétrable, même si je confondais les personnages, je n’ai jamais
voulu lâcher prise et cela, cela pour toi uniquement, pour te plaire, ou du
moins ne pas te décevoir… Tu étais si enthousiaste et ton enthousiasme
était une invitation à se dépasser soi-même, cet enthousiasme je voulais le
comprendre et le partager : comme j’aurais voulu m’enthousiasmer moi
aussi ! Mais ce fut rarement le cas… Et dans mon dépit, ce qu’avaient pour
moi d’humiliant et de profondément négatif ces expériences répétées de lectures
difficiles et infructueuses, j’en venais même parfois à soupçonner – l’affreux
soupçon – que toi-même tu en faisais trop, ton enthousiasme étant faux et de
seconde main, que tu en disais plus que tu n’en comprenais et n’en avais
compris, senti, pensé et que comme un journaliste de dernière catégorie, tu ne
faisais peut-être au fond que bavarder
sur les livres…
Je peux l’avouer à présent que tout est fini ; je peux te
l’avouer parce que cela n’a plus d’importance… J’aimerais seulement que cet
aveu qui ne m’honore pas, te conduise – peut-être, qui sait ? – à
reconsidérer d’une façon plus favorable certaines de nos disputes… Je
n’arrivais parfois pas à te suivre lorsque tu te lançais dans l’un de ces longs
monologues par lesquels tu aimes tant à étonner et étourdir tes
semblables ; et comme tes livres, ta pensée me semblait par moments
passablement obscure, embrouillée et comme je ne te comprenais pas vraiment,
comme je ne comprenais pas vraiment où tu voulais en venir, il m’arrivait de
prononcer un mot, une phrase qui sans que je puisse m’y attendre, te mettait
hors de toi, te faisait entrer dans des colères terribles, des crises de nerfs
au terme desquelles, dois-je déjà te le rappeler, il t’arrivait de m’insulter
et pire encore parfois… Mais cela n’a plus d’importance et je ne te reproche
rien… Je n’ai plus d’orgueil et je n’ai plus de rancune. Peut-être cela
d’ailleurs est-il inévitablement lié : sans orgueil, comment pourrait-il y
avoir encore de la rancune ? Qu’importe. En ce qui me concerne, je n’ai
plus ni orgueil, ni rancune : vois comme je m’incline encore devant toi,
et comme je préférerais encore à ton absence le pire de ce dont tu es capable… J’ai
été ta victime, ta victime docile et j’ai aimé cela, au fond….
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Un soir, il est sorti de chez lui. Il n’avait pas une idée précise des
raisons qui le faisaient d’une façon si intempestive sortir de chez lui, un
quart d’heure auparavant lui aurait-on dit qu’il allait sortir de chez lui,
enfiler sa veste, dévaler les escaliers en toute hâte pour se retrouver à l’air
libre, qu’il n’aurait pas voulu le croire : cela s’était fait sans lui… Il
était dehors à présent, et dehors il bruinait…
Il sentait le picotement de l’humidité, du vent froid, glacé, sur son
visage, dans ses mains, mais ces sensations, si elles étaient désagréables, ne
semblaient le concerner que confusément, comme si ce n’était pas lui mais
quelqu’un d’autre qui sentait dans ses mains, sur son visage, le vent froid et
glacé, le picotement de l’humidité, comme s’il était à ce point séparé de
lui-même que ses sensations ne lui appartenaient plus vraiment et concernaient
quelqu’un d’autre : un autre dont il ne voulait rien savoir et dont les
sensations lui étaient indifférentes.
Et sans précipitation, de nouveau calme, il marche, il essaie de
concentrer son attention sur des détails, il note la couleur d’un volet ou d’un
rideau, il énumère les déchets et les papiers sales sur le sol, il s’attarde
devant une boutique, il nomme les meubles et les objets qui y sont exposés, il
essaie de se convaincre que tout est cela est le réel et qu’il faut l’accepter…
Mais ce réel lui paraît laid, banal, sans intérêt et son attention peu à peu
s’égare, se perd : il est de nouveau tout au fond de ses pensées et plus
rien n’existe que leurs ombres confuses, leurs mouvements interrompus, la
manière qu’elles ont de se répandre à la surface comme une goutte d’encre
pénètre lentement un papier-buvard où elle forme une auréole, une tache sombre
et indélébile…
Il arrive au centre de la petite ville de province qu’il habite. Ce
centre tient en quelques rues qui sont vides, désertes, comme si la petite
ville de province était devenue l’une de ces villes-fantômes de la mythologie
américaine, l’une de ces villes-fantômes que les pionniers et les aventuriers
désertent, abandonnent, poussés qu’ils sont vers l’Ouest par la soif de l’or et
de la fortune… Telle est du moins la pensée que lui inspirent ces rues vides,
où les passants sont rares, où le bruit même s’est fait plus diffus… Mais non,
il est en réalité sur la face cachée de la lune, il erre à la surface de cette
partie toujours invisible de la lune ; et il marche dans cette petite
ville qui a été construite en des temps reculés et qui se trouve à présent
rendue au silence et au froid glacial des immensités sidérales.
Il sourit à peine à ces pensées, qui ne sont que des images
conventionnelles, des clichés, des représentations fausses qui lui ont été
inspirées par des films – l’usine à rêves
américaine – des
lectures enfantines, des romans de pacotille, peut-être même qui sait par des
affiches publicitaires pour une agence de voyages, il est inutile de rêvasser
ou de se payer de mots : il est seulement dans une petite ville de
province un soir de semaine et il ne sait même pas pourquoi il s’y trouve,
pourquoi il est sorti de chez lui, pourquoi il marche dans ces rues vides,
alors qu’il bruine, alors que le vent souffle, alors qu’il pourrait être au
chaud, entre les quatre murs de la prison qu’est devenu pour lui son
appartement…
Un moment, il songe qu’il pourrait aller boire un verre et fumer une
cigarette dans quelque bar désert, mais dans sa précipitation – enfiler sa
veste, dévaler les marches de l’escalier, sortir à l’air libre – il n’a pas
pensé à vérifier ce qu’il y avait dans ses poches, si dans la poche intérieure
de sa veste se trouvaient son portefeuille, son argent, ses papiers… Rien ne
s’y trouve et cela est tout à fait logique, cela n’a rien d’étonnant : il n’a
pas enfilé la même veste que la veille, mais une autre qu’il ne porte pas
d’habitude et au fond des poches de celle-ci, il n’y a que des restes de
mouchoir en papier et des miettes de tabac à rouler… Mais cela n’a aucune
importance : il se passera du verre et de la cigarette, il se passera du
regard de l’habitué accoudé au comptoir, il se passera des quelques mots
échangés avec le serveur, il se passera de tout, puisque tout est sans importance…
Et il marche, il erre, il va au hasard, il a l’impression de n’être
plus qu’un automate, une marionnette dont quelque part quelqu’un agite les
fils, il pourrait fermer les yeux, oublier où il se trouve, il n’a qu’à se
laisser porter, pour tituber jusqu’à son but, comme l’ivrogne qui peut
accomplir sans même s’en rendre compte le trajet du bar où il s’est abruti
jusqu’à la porte de chez lui… Mais lui ne rentre pas, il s’éloigne de chez lui,
il n’a plus de chez lui, ce qu’il appelle encore son chez lui est cet
appartement où il étouffe, où il a l’impression d’être enfermé comme dans une
cellule, dont il a l’impression que tremblent, bougent et se rapprochent les
quatre murs, dont il doit sortir au plus vite, enfilant sa veste, dévalant en
toute hâte les marches de l’escalier, pour dans un grand soupir de soulagement
se retrouver à l’air libre…
Il a dû s’appuyer un instant contre le mur ; de cela il se
souvient… Il a dû s’appuyer un instant contre le mur, pour reprendre son
souffle, calmer l’affolement de son rythme cardiaque, il a dû s’appuyer un
instant contre le mur pour, comme l’homme qui a cru se noyer sort enfin la tête
de l’eau, reprendre son souffle, calmer l’affolement de son rythme cardiaque,
calmer son cœur qui battait à tout rompre… Il ne sait pas à quoi précisément il
a échappé, il ne saurait nommer ce à quoi il a échappé en sortant de chez lui,
en enfilant la veste, en dévalant les marches : tout ce qu’il sait, c’est
qu’il a échappé à quelque chose de terrible, d’effrayant, quelque chose qui l’a
vidé de toute substance et qu’il ne veut plus connaître… Quelque chose
qu’il doit fuir, dont il sait que cela reviendra, dont il a eu entre les quatre
murs de son appartement comme le pressentiment, dont il a pu connaître certains
signes avant-coureurs alors qu’il était debout devant sa bibliothèque, ou penché
au-dessus de sa baignoire qu’il voulait nettoyer, récurer, faire briller… Une
soudaine vision : du sang s’écoulant du pommeau de douche, un flot noir de
sang qui à mesure qu’il s’écoulait, lentement, salissait et rendait
compromettante la blancheur de l’émail…
Et il n’a plus la force de faire quoi que ce soit contre ce genre de
visions, elles le prennent par surprise, au moment où il s’y attend le moins,
alors qu’il est tout occupé de classer ses livres ou de nettoyer sa
baignoire : il n’a plus la force de leur résister, leurs assauts sont
dévastateurs, leurs coups portent et le laissent pantelant, tout ce qu’il sait,
c’est qu’il doit les fuir d’une manière ou d’une autre, qu’à leurs assauts, à
leurs attaques répétées, à leurs attaques-éclairs, il ne saurait résister plus
longtemps, tout ce qu’il sait, c’est qu’il doit les fuir, tout ce qu’il sait,
c’est qu’il ne doit pas se laisser envahir, annexer, tout ce qu’il sait, c’est
qu’il doit les fuir, même si pour cela il doit enjamber le parapet du pont,
même si pour cela il doit se laisser tomber dans les eaux noires et froides de
la rivière qui traverse et scinde en deux rives la petite ville où depuis
toujours il habite et que jusqu’à ce soir, il n’a jamais vraiment quittée.
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Ceci n’est qu’un petit récit de ma composition. Je l’ai écrit il y a
deux soirs de cela, et je te l’ai recopié. Je ne sais pas ce qu’il vaut et si
même il vaut quoi que ce soit : cela m’importe peu. Je n’ignore d’ailleurs
pas ton sentiment sur mes modestes petits écrits… Je me souviens encore de
certaines de tes remarques si blessantes pour moi, comme je me souviens encore
de ton sourire ironique les quelques rares fois où j’ai osé te montrer : comparé
à tes auteurs de prédilection, cela n’est évidemment rien et ne mérite qu’à
peine un regard…
Mais je l’ai écrit et te le livre dans cette lettre qu’il conclut et
achève : ce sera ma dernière trace… Je n’en peux plus moi aussi, ce n’est
plus possible. Je t’ai tant aimé, sais-tu ?
Cette nouvelle a été écrite en 2005. Frédéric Perrot
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