Présentation
de l’éditeur
Au
petit matin du 7 octobre, quand ils sont réveillés par le sifflement des
missiles, Amir Tibon et son épouse vivent dans le kibboutz Nahal Oz depuis
plusieurs années et ils connaissent les règles : il suffit de se précipiter
dans la pièce sécurisée de la maison et d’attendre que la situation se calme.
Mais ce samedi-là, quand ils se rendent compte qu’il ne s’agit pas seulement
d’une attaque de mortier, et que des terroristes du Hamas ont envahi leur
communauté, ils comprennent que la journée sera différente de toutes les autres
alertes qu’ils ont connues.
Amir
Tibon fait le récit des onze heures qui suivent avec une simplicité poignante :
il faut tout d’abord calmer leurs deux filles, âgées de trois ans et de vingt
mois. Communiquer avec les autres membres du kibboutz. Joindre les proches à
Tel-Aviv. Ne pas paniquer quand on crible la maison de balles. Rester calme
même quand on apprend les massacres commis dans le voisinage immédiat. Des
atrocités dont Amir et sa femme deviennent aussi des témoins auditifs.
Les
Portes de Gaza, cependant, ne nous offre pas seulement
ce récit profondément personnel de la journée du 7 octobre, car, en alternance
avec son témoignage, Amir Tibon condense
ici son analyse du conflit israélo-palestinien, notamment par le prisme de
l’histoire du kibboutz Nahal Oz qui devait fêter ses soixante-dix ans justement
le soir du 7 octobre. Son analyse de la faillite à la fois sécuritaire et morale
des années de gouvernance Netanyahou est aussi implacable et précise que sa
connaissance des enjeux géopolitiques est vaste et limpide.
Traduit de l’anglais
(Israël) par Colin Reingewirtz
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Note ajoutée – pour Mathieu
Le livre d’Amir Tibon est un livre important, parce qu’il
permet de comprendre beaucoup de choses à propos du 7 octobre, qui pouvaient
sembler mystérieuses… Amir Tibon parle de « trahison » à juste
titre. Ces pauvres gens des kibboutz réfugiés dans leur « pièce sécurisée »
ont attendu en vain le 7 octobre l’arrivée de l’armée israélienne. « Où
sont nos soldats ? Pourquoi ne viennent-ils pas nous sauver ? ».
Netanyahou avait simplement choisi de redéployer le gros des troupes israéliennes
en Cisjordanie, le véritable objectif, afin de soutenir sa politique coloniale,
en pariant sur le fait que les millions de dollars versés par le Qatar avec sa
bénédiction suffiraient au bonheur du Hamas. Or, le Hamas n’a jamais renoncé à
son désir de détruire Israël, et une semaine avant le 7 octobre, les guetteuses,
ces femmes-soldats chargées de la vidéo-surveillance de Gaza, pour la plupart massacrées lors de l’attaque, avaient alerté le gouvernement de Netanyahou qu’une opération d’ampleur se préparait…
Un an après le 7 octobre, après la riposte disproportionnée de Tsahal, triste euphémisme,
le point de vue des israéliens est devenu quasiment inaudible, ce qui est
la conclusion pessimiste du livre d’Amir Tibon. Frédéric Perrot.
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