lundi 31 mai 2021

Si vous saviez (pour Samuel Paty), publication dans le numéro 61 de la revue Lichen (juin 2021)

 

Si vous saviez tous les discours pompeux

Auxquels votre ignoble mort a donné lieu,

 

Combien nombreux se sont réjouis

Arguant que vous l’aviez bien cherché,

 

Si vous saviez que vous avez eu droit

Aux hommages de la nation reconnaissante

 

Et combien ces hommages ont été bâclés,

 

Que votre nom est devenu pour les uns un totem

Et un sujet de querelles sur les funestes réseaux

 

Où d’autres déjà sont menacés –

 

Si vous saviez tout cela,

Que pourriez-vous dire ?

 

Je n’aurai pas l’indécence de parler à votre place.

 

 

Le poème est à lire dans la rubrique « Coup de gueule » de ce numéro 61. Merci à Elisée Bec.


Pour aller lire la revue :  http://lichen-poesie.blogspot.com/

mercredi 26 mai 2021

Où sont les femmes ? (dessin dédicacé de Vittorio Minighetti)


Non sans une bonne part de dérision, Vittorio Minighetti, en échange d’un exemplaire des Fontaines jaillissantes, m’a fait parvenir ce dessin, ainsi qu’un recueil édité par lui de Léon Maunoury (T. X. T)

mardi 25 mai 2021

La couronne de laurier

 

Parfois quand le présent

Se fait par trop étouffant

L’esprit chagrin

Se plaît à s’inventer

 

D’oisives fantaisies

Où se trouvent abolis

Les nœuds temporels

Les chaînes historiques

 

Mais comme tout obéit

À une froide logique

Dans son pauvre cerveau

Qu’il ne saurait changer de peau

 

Entravé à l’époque contemporaine

Il se retrouve esclave

À l’époque romaine

 

Et au-dessus de la tête du tyran

Que la foule en liesse fête

Il porte sans désemparer

La couronne de laurier

 

Oh peu importe si ces brèves échappées

Dans un autre monde

Ne durent qu’une poignée de secondes

Elles lui ont permis d’oublier celui-ci



Le poème a été écrit en 2016. C’est ici une version retravaillée. Frédéric Perrot.

mercredi 12 mai 2021

Le mai le joli mai (Guillaume Apollinaire, pour Audrey)

Guillaume Apollinaire

 

Le mai le joli mai en barque sur le Rhin
Des dames regardaient du haut de la montagne
Vous êtes si jolies mais la barque s’éloigne
Qui donc a fait pleurer les saules riverains
 
Or des vergers fleuris se figeaient en arrière
Les pétales tombés des cerisiers de mai
Sont les ongles de celle que je t’ai tant aimée
Les pétales flétris sont comme ses paupières
 
Sur le chemin du bord du fleuve lentement
Un ours un singe un chien menés par des tziganes
Suivaient une roulotte traînée par un âne
Tandis que s’éloignait dans les vignes rhénanes
Sur un fifre lointain un air de régiment
 
Le mai le joli mai a paré les ruines
De lierre de vigne vierge et de rosiers
Le vent du Rhin secoue sur le bord les osiers
Et les roseaux jaseurs et les fleurs nues des vignes

vendredi 7 mai 2021

Quelque part ils ont tué le peuple (poème de Gérard Lemaire)


 

                                              Pour Marie-Josèphe Lemaire,
 

Ils ont tué le peuple
Quelque part ils ont tué le peuple
Sans sommation par principe et habitude
Ils ont fusillé le peuple dans le dos
En plein centre du dos et sans raison
Le peuple n’était qu’une montagne magique
Il vivait comme à peine une invention sans
arrêt menacée
Le peuple n’a jamais dû vivre au fond
C’est une idée
C’est forcément virtuel
Le peuple c’est un gisant en haillons
C’est une statue décriée qui ne sort qu’en
pleine nuit
Il existe parfois dans une chanson qui risque
des sanglots
Il est muet comme moi
Il reste en retrait si bien qu’il ne peut
même pas esquisser un pas
Un vrai pas
Nulle part
Je suis la trace d’une voix toujours effacée de son
sacrifice obligatoire
Je suis son souvenir abattu par tous les
fusils aux aguets
Le peuple sait tuer ses enfants quand il a peur
Quand vient la guerre qui emporte jusqu’à
ses cendres
 
 

    Poème extrait de « Gérard Lemaire - Un poète à hauteur d’homme », biographie et anthologie de Robert Roman, Le Contentieux, mai 2019.

Revenir au réel


 

Le poème appartient au recueil autoédité Les Fontaines jaillissantes (avril 2021). 48 pages. 29 poèmes (plus un en quatrième de couverture). Mise en page : René Guisquet. 12 euros. Frais de port offerts. N’hésitez pas à me contacter ! Frédéric Perrot.

Adresse mail : perrotfrederic@live.fr

samedi 1 mai 2021

George Orwell, Hommage à la Catalogne


 

J’achève en ce premier mai ma lecture du beau livre de George Orwell, Hommage à la Catalogne.
 
Quatrième de couverture :
La guerre d’Espagne à laquelle Orwell participa en 1937 marque un point décisif de la trajectoire du grand écrivain anglais. Engagé dans les milices du Parti Ouvrier d’Unification Marxiste (POUM), le futur auteur de 1984 connaît la Catalogne au moment où le souffle révolutionnaire abolit toutes les barrières de classe. La mise hors la loi du POUM par les communistes lui fait prendre en horreur le « jeu politique » des méthodes staliniennes qui exigeait le sacrifice de l’honneur au souci de l’efficacité. Son témoignage au travers de pages parfois lyriques et toujours bouleversantes a l’accent même de la vérité. À la fois reportage et réflexion, ce livre reste, aujourd’hui comme hier, un véritable bréviaire de liberté.
 
Traduit de l’anglais par Yvonne Davet.