Fondation Louis Vuitton, 26 mai 2022 |
samedi 28 mai 2022
mardi 24 mai 2022
Naufrages
Eric Doussin, Naufrages, octobre 2015 |
Une certaine délicatesse
Exige que nos naufrages
Demeurent inaperçus
Nous garderons secrètes
Nos tristesses
Nos défaites
Nous resterons discrets
Sur nos souffrances
Nos échecs
Mais pour nous-mêmes
Nous en percerons le sens
Comme on perce un abcès
Le
poème appartient au recueil Les Fontaines jaillissantes (avril 2021). Frédéric
Perrot
mardi 17 mai 2022
Aucune œuvre pérenne
Pour Guillaume,
Il
me plaît de rêver
À
Lucien de Rubempré
À
la fin des Illusions perdues
Elégamment
vêtu il se promène
Dans
les vignes du pays d’Angoulême
Il
y cueille des fleurs et marche vers sa mort
Authentique
poète
Son
vouloir déficient
A
donné peu de fruits
Et
meurtri dans sa chair
Malgré
tout son talent
Il
ne laisse derrière lui
Aucune
œuvre pérenne
Seul
un roman historique
Et
un recueil de vers exquis
Nommé
Les Marguerites !
Revenu
de l’enfer de la vie parisienne
Il
marche librement vers une mort certaine
Ange
déchu
Son
bouquet symbolique
De
fleurs jaunes à la main
Comme
il a fait le malheur des siens
Et
qu’à sa grande honte
Il
s’appelle Chardon
Il
s’en va se noyer
Engloutir
dans un trou
Son
chagrin et son nom…
Mais
il croise alors la route
D’un
curieux personnage
Et entre ces deux-là
Le vrai poète
Le faux ecclésiastique
Un
pacte diabolique
Est
rapidement scellé
C’est
un autre roman
Qui
commence déjà…
Mais
Lucien reste pour moi
Ce
pâle enfant éclatant de beauté
Qui
marche sous le soleil
Ne
se soucie de rien
Et
flâne vers sa mort…
Le poème a été écrit en février 2016. Le bon film de Xavier Giannoli rend justice à la férocité du regard de Balzac sur la société parisienne et le petit monde des journalistes. Frédéric Perrot.
Honoré de Balzac, Illusions perdues (notes au fil de la lecture)
« Si
l’on devinait dans cette face les éclairs du génie qui s’élance, on voyait
aussi les cendres auprès du volcan ; l’espérance s’y éteignait dans un
profond sentiment du néant social où la naissance obscure et le défaut de
fortune maintiennent tant d’esprits supérieurs.»
« …
car les jeunes gens commencent par aimer à l’exagération, ce mensonge des
belles âmes.»
Sur
Balzac, ces lignes inégalées de
Baudelaire : « J’ai maintes fois été étonné que la grande gloire de
Balzac fût de passer pour un observateur ; il m’avait toujours semblé que
son principal mérite était d’être visionnaire, et visionnaire passionné. Tous
ses personnages sont doués de l’ardeur vitale dont il était animé lui-même.
Toutes ses fictions sont aussi profondément colorées que le rêve. Depuis le
sommet de l’aristocratie jusqu’aux bas-fonds de la plèbe, tous les acteurs de
sa Comédie sont plus âpres à la vie, plus actifs et rusés dans la lutte, plus
patients dans le malheur, plus goulus dans la jouissance, plus angéliques dans
le dévouement, que la comédie du vrai monde ne nous les montre.»
Plus
angéliques dans le dévouement que le commun des mortels – Cela vaut pour Eve,
la sœur. Les scènes charmantes sur les bords de la Charente Cela vaut pour David, qui connaissant la
mollesse de Lucien et son caractère, a le
pressentiment de son échec à Paris. Ce sont les derniers mots de la
première partie (Les deux poètes) :
« L’imprimeur remonta dans son méchant cabriolet, et disparut le cœur
serré, car il avait d’horribles pressentiments sur les destinées de Lucien à
Paris. »
« Lucien
devina qu’il avait l’air d’un homme qui s’était habillé pour la première fois
de sa vie.»
« Il
chemina jusqu’au quai des Augustins, se promena le long du trottoir en
regardant alternativement l’eau de la Seine et les boutiques des librairies,
comme si un bon génie lui conseillait de se jeter à l’eau plutôt que de se
jeter dans la littérature.»
« Lucien
traversa le Pont-Neuf en proie à mille réflexions. Ce qu’il avait compris de
cet argot commercial lui fit deviner que, pour ces libraires, les livres
étaient comme des bonnets de coton pour des bonnetiers, une marchandise à
vendre cher, à acheter bon marché.»
« Le
journalisme est un enfer, un abîme d’iniquités, de mensonges, de trahisons, que
l’on ne peut traverser et d’où l’on ne peut sortir pur, que protégé comme Dante
par le divin laurier de Virgile.»
« La
polémique, mon cher, est le piédestal des célébrités.»
« La
conscience, mon cher, est un de ces bâtons que chacun prend pour battre son
voisin, et dont il ne se sert jamais pour lui.»
« Tout
journal est, comme le dit Blondet, une boutique où l’on vend au public des
paroles de la couleur dont il les veut. S’il existait un journal des bossus, il
prouverait soir et matin la beauté, la bonté, la nécessité des bossus.»
Le
goût du luxe de Lucien : « Ce luxe agissait sur son âme comme une
fille des rues agit avec ses chairs nues et ses bas blancs bien tirés sur un
lycéen. »
Sur
Paris – « Paris est un singulier pays, dit Lucien en trouvant l’intérêt
accroupi dans tous les coins.» Et
: « Il est difficile, répondit Lucien en revenant chez lui, d’avoir
des illusions sur quelque chose à Paris. Il y a des impôts sur tout, on y vend
tout, on y fabrique tout, même le succès. ». « Vers huit heures, au
feu des lustres allumés, les meubles, les tentures, les fleurs de ce logis
prirent cet air de fête qui prête au luxe parisien l’apparence d’un rêve.»
L’enfer
des intérêts et des amours-propres qu’est le Paris de Balzac –
Le
pouvoir du nom – Les jeux presque littéralistes sur les noms des différents personnages.
Finot, qui l’est en effet, le père Séchard et sa soif inextinguible –
« Le
caractère de l’amour véritable offre de constantes similitudes avec
l’enfance : il en a l’irréflexion, l’imprudence, la dissipation, le rire
et les pleurs.»
« Il
est à remarquer que certaines âmes, vraiment poétiques, mais où la volonté
faiblit, occupées à sentir pour rendre leurs sensations par des images,
manquent essentiellement du sens moral qui doit accompagner toute observation.
Les poètes aiment plutôt à recevoir en eux des impressions que d’entrer chez
les autres y étudier le mécanisme des sentiments.»
« Les
belles âmes arrivent difficilement à croire au mal, à l’ingratitude, il leur
faut de rudes leçons avant de reconnaître l’étendue de la corruption humaine ;
puis, quand leur éducation en ce genre est faite, elles s’élèvent à une
indulgence qui est le dernier degré du mépris. »
Le
goût de paraître – « le vice principal du Français ». « Ainsi
Lucien sacrifiera toujours le meilleur de ses amis au plaisir de montrer son
esprit. Il signerait volontiers demain un pacte avec le démon, si ce pacte lui
donnait pour quelques années une vie brillante et luxueuse ».
Le
mauvais exemple de Napoléon – « C’est le défaut des Français dans votre
époque. Ils ont été gâtés tous par l’exemple de Napoléon »
« Dans une vie tiède le souvenir des souffrances est comme une jouissance indéfinissable.»
Notes
au fil de la lecture – janvier 2016.
Frédéric
Perrot
mardi 10 mai 2022
Annie Ernaux, Le jeune homme (note de Journal)
9
mai – Annie Ernaux, Le jeune homme. On peut bien sûr comme la critique
unanime du Masque et la Plume parler de quintessence de l’art d’Annie
Ernaux et de « récit proustien »… Ce qui laisse rêveur, à ne considérer
que la platitude de ce tout petit livre, à peine trente pages, qui ressemble
quand même beaucoup à un fond de tiroir. Ecrit entre 1998 et 2000 et
publié assez opportunément en ce début d’année 2022, alors que paraît également
un Cahier de L’Herne… Très désagréable en ce qu’il exprime. Le mépris de classe
de la vieille « bourge » pour le jeune homme dont les manies
sont celles d’un « plouc », lui rappellent bien malgré elle son
« origine populaire » dont elle s’est arrachée à toute force…
Si l’on était méchant, on pourrait dire que ce jeune homme « soumis à
la précarité et à l’indigence »
n’est qu’un sex-toy pour
une vieille peau, elle a trente ans de plus que lui, qui s’imagine
transgressive, « scandaleuse »… On goûtera la médiocrité et le
cynisme fort peu de gauche du contrat tacite : il me donne du
plaisir, je lui paye des restos et des voyages… Petits calculs de
boutiquière. C’est consternant… D’autant que ce jeune homme n’est qu’un instrument
rapidement sacrifié sur l’Autel du livre, le fameux et grand Livre (L’événement)
qui s’écrit dans son dos, si je puis dire… Les critiques unanimes
parlent à ce moment de cruauté, la cruauté de l’écrivain... Il ne
faudrait pas exagérer, on n’est pas dans un livre d’Hervé Guibert : c’est
trop plat et trop bêtement sociologique… Car bien sûr, le jeune homme
est un symbole de sa génération bovine : il est apolitique, il aime
« Téléfoot » et « Nulle
part ailleurs », etc. On voit le niveau et les nuances de l’analyse…
Le seul passage à peu près intelligent explique que nombre de vieux beaux
en font autant avec des jeunes filles, sans que personne ne s’en offusque,
parce que ce sont des hommes… Enfin, d’autres critiques genre Figaro
Magazine, réacs et misogynes, ont souvent reproché à Annie Ernaux d’écrire
des livres de midinette : pour le coup, hélas, c’en est un…
Totalement inutile. Cela peut se lire sans fatigue trois ou quatre fois dans
l’après-midi, ça coûte 8 euros, c’est publié chez Gallimard.
Il y a de bien meilleurs livres à lire d’Annie Ernaux. Je ne citerai que Les années (2008). Frédéric Perrot.
lundi 2 mai 2022
Sur Joseph Karma de Denis Hamel
« Si
l’idée de mettre fin à ses jours n’avait jamais sérieusement intéressé Joseph
Karma, ce n’était pas par amour de la vie ou par courage devant l’adversité,
mais surtout par la force d’un interdit moral qui l’empêchait de faire subir à
ses proches la douleur de le perdre. Quand bien même il n’était pas certain de
leurs sentiments à son égard, cette éventualité lui était insupportable. Ce n’était
donc pas une question de choix, de volonté, mais plutôt d’éducation, de dressage.
Au fond il n’y a pas ou très peu de liberté dans la vie, seulement une série de
dressages, avec ce que cela suppose de récompenses et de punitions, et qui
finissent par former la personnalité à partir des caractères héréditaires. Pour
sa part, Karma n’avait jamais été un révolté, il avait patiemment supporté tous
les dressages qu’on lui avait administrés, n’y opposant quelquefois qu’une certaine
forme d’inertie, de mauvais vouloir qu’il gardait toujours pour lui. Ce n’est
que peu avant son internement, il y a peut-être six ou sept ans, qu’il avait
exprimé un réel refus de l’existence et une incapacité complète de continuer à
répondre à ses exigences. Depuis cette hospitalisation, qui dura quinze jours
et durant laquelle une transformation importante s’était opérée dans son psychisme,
comme une remise à zéro, il n’avait jamais cessé d’avoir recours aux drogues
prescrites par la psychiatrie. Il savait qu’à l’intérieur de lui les puissances
de mort et de chaos qui l’avaient conduit à l’asile étaient encore intactes, en
sommeil, prêtes à émerger des profondeurs pour mener à terme leur œuvre d’épouvante
et d’anéantissement. Seul l’effet anesthésiant des drogues lui permettait de
vivre une vie normale, terne mais supportable. »
Ces
lignes révélatrices sont extraites du « récit autobiographique en
partie fictionnel » de Denis Hamel, Joseph Karma. Je n’épiloguerai pas sur cette caractérisation
en soi problématique – récit autobiographique, en partie fictionnel ? – pour
me concentrer sur l’essentiel.
Ce
Joseph Karma, dont le nom évoque bien sûr le personnage du Procès de
Kafka ou une chanson pop dépressive du groupe Radiohead (Karma Police),
est un double de l’auteur Denis Hamel, qui lui prête quelques traits saillants
de sa propre biographie. Le meilleur exemple est que ce Joseph Karma est poète,
ce que l’on a un peu du mal à croire au début, tant ce malheureux personnage
semble engoncé dans ses problèmes d’ordre psychologiques et affectifs, qui se
résument pour moi à un seul, mais fondamental : Joseph Karma veut être normal,
mener « une vie normale ». Or, le personnage va prendre
conscience au fur et à mesure du livre de cette évidence non moins fondamentale :
la normalité est « terne », quand elle n’est pas impitoyable…
Mais
qu’est-ce qu’être normal, et qu’est-ce qu’une « vie normale » ?
C’est bien sûr avoir un travail – Karma en a un, qui ne l’enthousiasme guère –,
un appartement à soi – Karma en a un, qu’il néglige jusqu’à le rendre invivable
– et non moins évidemment avoir des amis et peut-être même une compagne. La
seconde partie du livre raconte ainsi les efforts infructueux de Karma sur « les
sites internet de rencontre », chacune des cinq tentatives en ce sens se révélant un échec cuisant :
« Fin de la première tentative », « Fin de la seconde
tentative », etc.
Il
n’y a pas de bonheur dans l’échec comme osait le prétendre Herman Melville et
le personnage s’enfonce toujours plus dans son mal-être. Un autre nom au vu de
ce rapide résumé semble s’imposer : celui de Michel Houellebecq, qui
depuis ses premiers livres a fait de la désespérance sociale et de la misère
sexuelle son fonds de commerce… Denis Hamel apprécie le poète Michel
Houellebecq qu’il cite d’ailleurs, en étant plus réservé sur ses romans… Mais
je vois pour ma part deux différences de taille avec disons « le poncif »
houellebecquien : l’une concerne l’auteur, l’autre son personnage. Si le
livre de Denis Hamel est par moments bien glauque, il est exempt de ce cynisme
racoleur qui est la marque de fabrique de l’auteur de Plateforme ;
et son personnage ne connaît aucune de ces pulsions meurtrières qui hantent peu
ou prou tous les personnages houellebecquiens : du couteau d’Extension
du domaine de la lutte, jusqu’au fusil à lunette du calamiteux Sérotonine.
Non,
Joseph Karma est un personnage doux et effrayé, volontiers contemplatif, un « fantôme
de nulle part perdu dans le champ de bataille de l’existence. » C’est
un malheureux, qui n’y arrive pas tout simplement et n’en veut à personne…
« Et
puis y a Frida/qu’est belle comme un soleil », comme chantait l’autre !
Car malgré tout, presque par hasard, grâce à son activité de poète, toujours
sur le net d’abord, Joseph Karma fait la connaissance d’une poétesse, Marianne
Broch, dont on apprend entre autres choses qu’elle « semblait intimidée »,
« voulait devenir écrivain » et « fumait beaucoup ».
L’essentiel, dès le premier rendez-vous, est dit en trois mots: « Ils se
plurent. » C’est beau et simple comme du Flaubert : « Il
voyagea.», etc.
Le
récit ne tourne cependant pas à la guimauve. Si Joseph Karma, selon le vieux
mythe platonicien, a bel et bien rencontré son « âme sœur », l’idylle
se heurte aussi parfois aux tristes difficultés prosaïques des corps et aux mystères
impénétrables de la libido.
Je
n’en dirai pas plus à ce sujet, mais on est dès lors très loin de Houellebecq,
dont l’imaginaire érotique est celui de la pornographie la plus plate et
la plus bête… Plutôt chez Tchekhov ou Brel encore (La chanson des
vieux amants). Peu importe. L’amour est là, qui ne va pas sans inquiétude.
Et c’est cette inquiétude qui donne aux dernières pages leur beauté et leur
mélancolie.
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J’ajouterai
encore deux ou trois remarques, au hasard.
Denis
Hamel me semble avoir une solide culture philosophique, parfois très pointue (Schopenhauer,
Lévinas) qui donne une certaine ampleur à son propos et lui permet d’échapper
au réalisme disons sociologique, où aiment à se vautrer tant d’écrivains
français.
Comme
je l’ai dit, ce nom Joseph Karma semble un clin d’œil à Kafka et en particulier
au Procès. Il y a à cet égard au moins deux scènes, d’une étrangeté
toute kafkaïenne : la scène finale, dans « le wagon »,
que je ne révèlerai pas, et cette autre où Joseph Karma découvre comment fonctionne
en fait le distributeur automatique qui vient d’avaler sa précieuse carte
bancaire ; comme Joseph K. découvrait dans Le Procès que de
singulières pratiques sadomasochistes pouvaient avoir lieu le soir dans « un
débarras » de sa banque… Hallucination
cauchemardesque dans les deux cas, sans doute : qui sait ?
Il
faudrait encore parler de la musique, des séances de piano à quatre mains, de
Bashung, qui ouvre et d’une certaine manière referme le récit, sans le conclure :
« Donnez-moi de nouvelles données ». C’est tout ce que l’on souhaite
à Denis Hamel : de nouvelles données… Et ce sera tout.
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Denis
Hamel, Joseph Karma
Editions
du Petit Pavé, 2022
Le
récit est suivi en Annexe d’un passionnant entretien sur la poésie.
dimanche 1 mai 2022
Bonne pensée du matin (un poème d'Arthur Rimbaud)
À quatre
heures du matin, l’été,
Le sommeil d’amour dure encore.
Sous les bosquets l’aube évapore
L’odeur
du soir fêté.
Mais là-bas dans l’immense chantier
Vers le soleil des Hespérides,
En bras de chemise, les charpentiers
Déjà
s’agitent.
Dans leur désert de mousse, tranquilles,
Ils préparent les lambris précieux
Où la richesse de la ville
Rira
sous de faux cieux.
Ah ! pour ces Ouvriers charmants
Sujets d’un roi de Babylone,
Vénus ! laisse un peu les Amants,
Dont
l’âme est en couronne.
Ô
Reine des Bergers !
Porte aux travailleurs l’eau-de-vie.
Pour que leurs forces soient en paix
En attendant le bain dans la mer, à midi.
Mai 1872
Dans les allées du parc (deux poèmes)
Hanovre, juillet 2015 |
I.
L’orateur
Dans une allée solitaire
du parc
Juché sur un banc
L’homme parlait
Devant une assemblée
invisible
L’orateur semblait pris
Par son discours
Mais il s’exprimait
D’une manière si étrange
Qu’il était difficile
De déterminer
L’objet précis
De ce discours emporté
Où les mots se heurtaient
Comme à la bataille
Dont le flot ne semblait
Jamais devoir
s’interrompre
Et qui l’agitait
Tout entier
Comme le vent agite
Les guenilles d’un
épouvantail
II. Le point de vue de Sirius
Dans les allées plus peuplées
Envahies de visiteurs
Venus de tout le continent
Des femmes masquées
Montées sur de fines échasses
Exécutent de prudentes arabesques
En agitant des rubans de couleur
Une lourde musique
Qui semble retentir
Pour l’univers entier
Martèle à contretemps
Leurs avancées
De libellules
Sous le regard fasciné
De quelques enfants
La vaste indifférence
Du ciel étoilé
Les deux poèmes sont nés
d’une rêverie dans un parc de Hanovre en juillet 2015. Frédéric Perrot