jeudi 30 avril 2020

Glissement progressif (fragments, avec un dessin d'Eric Doussin)

Eric Doussin


C’est un peu terne la prudence… Certains poètes diraient même que c’est le contraire de la vie.

Glissement progressif… La solitude et le désespoir donnent cette petite impulsion nécessaire à la mort, presque incapable de rien par elle-même.

Glissement progressif ou actif… Les preuves d’un « laissez-partir » mortifère dans les EHPAD s’étalent dans les journaux. Le ministre feint de ne rien savoir des « recommandations » qu’il a pourtant signées.

On effacera les traces, on effacera les preuves… « Plus de document écrit, s’il vous plaît. »

Une société qui n’honore plus ses morts, cela porte un nom : la barbarie… On vous évacue rapidement dans un camion frigorifique et on vous enfouit en toute hâte dans la terre. Le mot scandale est bien faible.

Je m’étonne qu’un quelconque ministre productiviste n’ait pas encore proposé d’utiliser la cendre des vieux comme engrais.

Pendant ce temps, comme on dit dans les romans d’aventures, les brutes de la BAC s’en donnent à cœur joie.

Glissement progressif dans l’autodestruction… Les experts parleront de « dommages collatéraux ». Nombre de ceux qui auront échappé au virus et à la faim mourront d’un cancer. Il faut bien mourir de quelque chose.

Glissement progressif… Le mot espoir a une sale gueule.

                           
                                                                  Frédéric Perrot

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